De la fumée noire s'échappait d'une cheminée au-dessus de la chapelle Sixtine après le premier jour du conclave

Vatican (AFP) - Des foules de catholiques et de touristes curieux ont scruté jeudi la chapelle Sixtine, place Saint-Pierre, à la recherche d'une fumée blanche, alors que les cardinaux chargés de choisir un nouveau pape entamaient une deuxième journée de vote à l'intérieur.

Des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées pour voir un panache de fumée noire s'élever de la cheminée de la chapelle mercredi soir, signe que personne n'avait obtenu la majorité des deux tiers au conclave pour nommer un successeur au défunt pape François.

Les 133 « Princes de l'Église » ont passé la nuit séquestrés dans la maison d'hôtes de Santa Marta et devaient chercher l'inspiration divine lors d'une messe privée tôt jeudi avant de se lancer dans une deuxième journée de vote.

Quatre tours de scrutin étaient prévus dans la journée. Une fois le pape élu, les cardinaux brûleront leurs bulletins de vote et ajouteront un produit chimique pour blanchir la fumée.

Si le premier vote secret du matin ne parvient pas à identifier un vainqueur clair parmi la foule, un deuxième vote aura lieu avant qu'il n'y ait de fumée.

S'il n'y a pas de consensus à nouveau, deux autres votes auront lieu dans l'après-midi.

Les cardinaux resteront enfermés jusqu'à ce qu'ils choisissent un 267e pontife pour diriger les 1,4 milliard de catholiques du monde.

Ils sont tenus de garder le secret sur ce processus vieux de plusieurs siècles, sous peine d’excommunication.

- 'Fumée noire' -

Les deux précédentes élections papales, en 2005 et 2013, ont duré deux jours chacune, mais certaines au siècle précédent ont duré jusqu'à cinq jours. La plus longue jamais organisée a duré près de trois ans, entre novembre 1268 et septembre 1271.

Des dizaines de milliers de pèlerins et de sympathisants se sont rassemblés sur la place Saint-Pierre le premier jour du conclave.

Plus de trois heures se sont écoulées entre l'enfermement des cardinaux mercredi après-midi et l'apparition de la fumée noire, période pendant laquelle le jour s'est transformé en nuit.

À ce moment-là, des dizaines de milliers de personnes – pèlerins, touristes et curieux romains – s'étaient rassemblées sur la place Saint-Pierre.

Des gémissements ont éclaté lorsque la fumée est apparue, mais l'ambiance n'était pas au beau fixe.

« Cela ne me dérange pas que ce soit de la fumée noire, cela montre que le Saint-Esprit est à l'œuvre. Il y aura d'autres votes bientôt, nous aurons notre pape », a déclaré James Kleineck, 37 ans, originaire du Texas.

Barbara Mason, 50 ans, est venue du Canada pour le conclave, espérant voir un pape qui poursuivrait les traces progressistes de François.

« Je suis heureuse qu'ils aient pris autant de temps, car cela signifie qu'ils réfléchissent attentivement à qui sera le pape », a-t-elle déclaré, suggérant que l'envoyé spécial populaire de François, le cardinal Matteo Zuppi, qui se déplace à vélo, serait un choix judicieux.

La foule était moins dense jeudi matin, mais plusieurs centaines de personnes sont arrivées tôt pour avoir une bonne place pour regarder les événements de la journée.

« C'est remarquable, c'est un événement unique. Je ne pense pas avoir l'occasion de revivre cela », a déclaré Paul O'Flynn, 72 ans, un Irlandais de passage venu de New York.

Les images de la fumée noire étaient à la une des journaux italiens jeudi, le quotidien La Stampa déclarant : « Le moment du choix. »

Le conclave de 2025 est le plus grand et le plus international jamais organisé, rassemblant des cardinaux d’environ 70 pays – dont beaucoup ne se connaissaient pas auparavant.

Il n’y a pas de favori évident pour succéder au charismatique argentin François, les cardinaux représentant un éventail de traditions progressistes et conservatrices au sein de l’Église.

Mais les défis auxquels est confrontée cette institution vieille de 2 000 ans sont clairs, et le nouveau pape, après son élection, devra faire preuve de prudence dans un contexte d’incertitude géopolitique, tout en s’attaquant aux profondes divisions au sein de l’Église.

Il y a aussi les conséquences persistantes du scandale mondial des abus sexuels commis par le clergé et, en Occident, des bancs d’église de plus en plus vides.

- Ce dont l'Église a besoin -

Le début du conclave, avec une procession solennelle des cardinaux et autres membres du clergé dans la chapelle Sixtine, a été retransmis en direct sur de grands écrans devant la basilique Saint-Pierre.

Les cardinaux resteront séquestrés et n'effectueront aucun rituel public jusqu'à l'élection d'un nouveau pape.

Après s'être rassemblés pour une prière silencieuse dans la chapelle Pauline du Vatican, les cardinaux se sont dirigés dans une procession colorée escortée par des gardes suisses vers la célèbre chapelle du XVe siècle décorée de fresques de Michel-Ange.

Les cardinaux électeurs doivent être âgés de moins de 80 ans.

Environ 80 pour cent des cardinaux votants ont été nommés par François, un défenseur impulsif mais charismatique des opprimés.

Mais tandis que certains cardinaux attendent d’un nouveau pape qu’il protège et développe son héritage, d’autres souhaitent un défenseur de la doctrine plus conservateur.

Plus d'une douzaine de noms circulent, de l'Italien Pierbattista Pizzaballa au Hongrois Peter Erdo en passant par le Sri Lankais Malcolm Ranjith.

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