Joël Le Scouarnec a admis avoir abusé sexuellement des 299 victimes

Vannes (France) (AFP) - Un chirurgien français qui a abusé sexuellement de centaines de patients pendant deux décennies, la plupart mineurs, a déclaré lundi qu'il ne demandait aucune "clémence" à l'approche du verdict de son procès de trois mois.

Joël Le Scouarnec, 74 ans, a reconnu avoir agressé sexuellement ou violé 299 patients – dont 256 de moins de 15 ans – dans des hôpitaux de l'ouest de la France entre 1989 et 2014, la plupart alors qu'ils étaient sous anesthésie ou au réveil après des opérations.

Le parquet a requis vendredi la peine maximale de 20 ans pour l'ancien chirurgien et a également formulé la rare demande qu'il soit détenu dans un centre de traitement et de surveillance même après sa libération.

« Je ne demande pas la clémence du tribunal », a déclaré Le Scouarnec dans sa plaidoirie finale. « Accordez-moi simplement le droit de devenir une meilleure personne », a-t-il ajouté.

Le verdict du tribunal de Vannes, en Bretagne occidentale, est attendu mercredi.

"Vous étiez le diable et il est parfois habillé en blouse blanche", a déclaré vendredi au Scouarnec le procureur Stéphane Kellenberger, ajoutant qu'un procès supplémentaire pourrait être nécessaire pour couvrir les cas d'autres victimes dont les abus ne font pas partie du dossier actuel.

- 'Je ne demande pas à m'échapper' -

Le Scouranec est accusé dans ce procès de 111 viols et 189 agressions sexuelles et devrait émerger cette semaine comme l'un des prédateurs sexuels condamnés les plus prolifiques de l'histoire de France.

Des protestations ont eu lieu à propos du manque d’action

Son équipe de défense a déclaré qu'il ne contestait pas les accusations ni la demande de condamnation du procureur, mais a insisté sur le fait que ses expressions de regret envers les victimes étaient sincères, même si beaucoup ne le croyaient pas.

« Joël Le Scouarnec ne demande pas à échapper à la peine requise par le ministère public », a déclaré l'un des avocats, Maxime Tessier.

L'avocat a demandé au tribunal de prendre en compte le caractère « exceptionnel » des aveux de Le Scouarnec alors qu'il a reconnu l'ensemble des faits qui lui étaient reprochés en mars.

Les avocats de la défense ont insisté sur le fait que sa contrition était sincère.

« Joël Le Scouarnec n'a jamais blâmé personne, il a toujours dit : "Je suis le seul coupable, je suis le seul responsable" », a déclaré Tessier.

« Le tribunal doit être convaincu de la sincérité de Joël Le Scouarnec. »

Il a répété ses excuses presque mécaniquement au cours des semaines du procès, parfois mot pour mot, d'une voix monotone.

Et même si le chirurgien a reconnu sa responsabilité, il a également déclaré à plusieurs reprises qu'il ne se souvenait pas de ses actes.

- « Apprenez les leçons » -

Les mois d’audience ont été marqués par l’horreur face aux actes de l’ex-chirurgien – qui a avoué les abus – mais aussi par la frustration face à l’incapacité des autorités médicales et judiciaires à agir plus tôt.

L'ancien chirurgien a exercé pendant des décennies jusqu'à sa retraite en 2017, malgré une condamnation en 2005 pour possession d'images sexuellement abusives d'enfants.

Le Scouarnec est déjà en prison après avoir été condamné en décembre 2020 à 15 ans de prison pour avoir violé et agressé sexuellement quatre enfants, dont deux de ses nièces.

Certaines parties au procès ont exprimé leur frustration de ne pas avoir eu l'impact médiatique et politique qu'elles espéraient en France.

L'affaire n'a pas reçu le même niveau d'attention que celle de Dominique Pelicot, emprisonné l'année dernière pour avoir recruté des dizaines d'étrangers pour violer son ex-femme Gisèle.

Le comportement du défendeur Joël Le Scouarnec a parfois frustré les victimes

Plus tôt ce mois-ci, une vingtaine de victimes du Scouarnec et leurs proches ont manifesté devant le tribunal contre le « silence du monde politique ».

Ils ont réclamé « une commission interministérielle » pour « tirer les leçons » de l'affaire Le Scouarnec et éviter que des événements similaires ne se reproduisent.

« Nous sommes consternés de constater que ce « procès du siècle » ne constitue pas un événement marquant aux yeux du gouvernement et, plus largement, du grand public », a déclaré le groupe.

« On essaie de le faire passer pour un monstre, mais ce monstre, c'est la société qui l'a créé et qui lui a permis de perdurer », a déclaré Manon Lemoine, aujourd'hui âgée de 36 ans, l'une des victimes que Le Scouarnec avoue avoir violées lorsqu'elle avait 11 ans.

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