Les pompiers ukrainiens éteignent un incendie dans des maisons endommagées lors d'une frappe russe sur la région de Kiev

Kiev (Ukraine) (AFP) - Des frappes russes ont tué au moins douze personnes dans la nuit de dimanche à lundi en Ukraine, ont annoncé dimanche des responsables, alors que Kiev et Moscou échangeaient des tirs alors même qu'ils effectuaient leur plus important échange de prisonniers depuis le début de la guerre.

Les services d'urgence ukrainiens ont décrit une nuit de « terreur » alors que la Russie a lancé une deuxième nuit consécutive de frappes aériennes massives, notamment sur la capitale Kiev.

Ces attaques ont eu lieu alors même que les deux pays ont réalisé leur plus grand échange de prisonniers depuis que Moscou a lancé son invasion à grande échelle en février 2022, avec 1 000 soldats capturés et prisonniers civils échangés par chaque partie.

Le bilan des dernières frappes russes comprend deux enfants âgés de huit et douze ans et un jeune de 17 ans, tués dans la région de Jytomyr, dans le nord-ouest du pays, ont indiqué les autorités.

« Sans une pression vraiment forte sur les dirigeants russes, cette brutalité ne peut pas être arrêtée », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur les réseaux sociaux.

« Le silence de l’Amérique, le silence des autres pays du monde ne fait qu’encourager Poutine », a-t-il déclaré, ajoutant : « Les sanctions seront certainement utiles. »

Les frappes aériennes russes frappent l'Ukraine depuis deux nuits consécutives

La haute diplomate de l'Union européenne, Kaja Kallas, a appelé à « la plus forte pression internationale sur la Russie pour qu'elle mette fin à cette guerre ».

« Les attaques de la nuit dernière montrent une fois de plus que la Russie est déterminée à infliger davantage de souffrances et à anéantir l'Ukraine. Il est bouleversant de voir des enfants parmi les victimes innocentes blessées et tuées », a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux.

Ces nouvelles frappes interviennent après que la Russie a lancé 14 missiles balistiques et 250 drones dans la nuit de vendredi à samedi, qui ont blessé 15 personnes, selon des responsables ukrainiens.

L'armée ukrainienne a déclaré dimanche avoir abattu un total de 45 missiles russes et 266 drones d'attaque au cours de la nuit.

La Russie a quant à elle déclaré avoir abattu 110 drones ukrainiens.

Quatre personnes ont été tuées dans la région occidentale de Khmelnytskyi, quatre dans la région de Kiev et une à Mykolaïv, dans le sud.

Les services d'urgence ont déclaré que 16 personnes avaient également été blessées dans la région de Kiev, dont trois enfants, lors de « l'attaque nocturne massive ».

Un immeuble résidentiel de Kyiv en feu après une frappe russe

« Nous avons vu que toute la rue était en feu », a déclaré à l'AFP Tetiana Iankovska, une retraitée de 65 ans, dans le village de Makhalivka, juste au sud-ouest de Kiev.

Oleskandr, 64 ans, un autre retraité qui a survécu aux frappes, a déclaré qu'il n'avait aucune confiance dans les négociations autour d'un cessez-le-feu.

« Nous n'avons pas besoin de négociations, mais d'armes, de beaucoup d'armes pour les arrêter (les Russes). Car la Russie ne connaît que la force, rien d'autre », a-t-il déclaré.

- Échange majeur de prisonniers -

La Russie a annoncé dimanche avoir échangé 303 autres prisonniers de guerre ukrainiens contre le même nombre de soldats russes détenus par Kiev – la dernière phase de l'échange de prisonniers convenu lors des pourparlers entre les deux parties à Istanbul le 16 mai.

Les deux pays ont procédé à des échanges réguliers de prisonniers depuis que la Russie a lancé son offensive en 2022.

La Russie et l'Ukraine ont procédé pendant trois jours à « l'échange de 1 000 personnes contre 1 000 personnes », a indiqué le ministère de la Défense.

Zelensky a confirmé que l'échange était terminé.

Les deux parties ont accueilli 390 personnes lors de la première étape vendredi et 307 lors de la deuxième étape samedi.

La Russie a indiqué qu'elle enverrait à l'Ukraine ses conditions pour un accord de paix après l'échange, sans préciser quelles seraient ces conditions.

- Poussée diplomatique -

Le président américain Donald Trump a félicité vendredi les deux pays pour cet échange.

« Cela pourrait mener à quelque chose de grand », a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.

Les efforts de Trump pour négocier un cessez-le-feu dans le plus grand conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale ont jusqu'à présent échoué, malgré sa promesse de mettre rapidement fin aux combats.

Un journaliste de l'AFP a vu certains des anciens soldats ukrainiens captifs arriver dans un hôpital de la région de Tchernihiv, dans le nord du pays, émaciés mais souriants et saluant la foule qui attendait à l'extérieur.

« C'est tout simplement fou. Des sentiments fous », a déclaré vendredi à l'AFP Konstantin Steblev, un soldat de 31 ans, à son retour sur le sol ukrainien après trois ans de captivité.

L'un des soldats autrefois retenus captifs, Viktor Syvak, 58 ans, a déclaré à l'AFP qu'il était difficile d'exprimer son émotion de retour à la maison.

Capturé dans la ville portuaire ukrainienne de Marioupol, il avait été détenu pendant 37 mois et 12 jours.

« C'est impossible à décrire. Je ne peux pas l'exprimer avec des mots. C'est très joyeux », a-t-il déclaré.