Macron (à gauche) et von der Leyen ont critiqué l'attaque de Trump contre la science et la recherche

Paris (AFP) - Le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont critiqué lundi la politique scientifique de Donald Trump, alors que l'Union européenne cherche à encourager les chercheurs américains mécontents à s'installer en Europe.

Von der Leyen a déclaré lors d'une conférence à l'université de la Sorbonne à Paris que l'UE lancerait un nouveau programme d'incitations d'une valeur de 500 millions d'euros (567 millions de dollars) pour faire du bloc des 27 nations « un pôle d'attraction pour les chercheurs ».

« Nous devons offrir les bonnes incitations », a-t-elle déclaré.

Sans mentionner directement Trump, von der Leyen a déclaré lors de la conférence « Choose Europe for Science » que le rôle de la science était remis en question « dans le monde d'aujourd'hui » et a condamné ces opinions comme « une erreur de calcul gigantesque ».

Les universités et les centres de recherche aux États-Unis sont soumis à une pression politique et financière croissante sous l’administration Trump, notamment sous la menace de coupes massives dans le financement fédéral.

« Personne n’aurait pu imaginer que cette grande démocratie mondiale, dont le modèle économique dépend si fortement de la science libre, allait commettre une telle erreur », a déclaré Macron.

Il a ajouté : « Nous refusons un diktat qui permettrait à un gouvernement de dire qu’il est interdit de faire des recherches sur ceci ou cela. »

- 'Un sanctuaire' -

Dans le contexte des « menaces » contre la recherche indépendante et de « l’appréhension mondiale », Macron a déclaré : « L’Europe doit devenir un sanctuaire. »

Aux États-Unis, des programmes de recherche risquent d’être fermés, des dizaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ont été licenciés et des étudiants étrangers craignent d’être expulsés en raison de leurs opinions politiques.

Des commissaires européens, des scientifiques, des universitaires et des ministres de la recherche des pays membres de l'UE ont participé à la conférence de lundi, ainsi que des représentants de pays non membres de l'UE comme la Norvège, la Grande-Bretagne et la Suisse.

Le président français a déjà appelé les chercheurs étrangers, notamment américains, à « choisir la France ».

Le mois dernier, il a dévoilé des plans pour un programme de financement destiné à aider les universités et autres organismes de recherche à couvrir les coûts liés à l’arrivée de scientifiques étrangers dans le pays.

L'UE espère attirer des chercheurs, notamment des États-Unis de Trump

L'université d'Aix-Marseille, dans le sud de la France, a annoncé en mars qu'elle ouvrirait ses portes aux scientifiques américains menacés de coupes budgétaires.

L’entreprise affirme que son programme « Safe Place for Science » a déjà reçu un flot de candidatures.

La semaine dernière, le CNRS, centre phare de la recherche scientifique française, a lancé une nouvelle initiative visant à attirer les chercheurs étrangers dont les travaux sont menacés.

- Combler l'écart salarial -

Il cherche aussi à faire revenir les chercheurs français travaillant à l'étranger, dont certains « ne veulent pas vivre et élever leurs enfants dans les Etats-Unis de Trump », selon le président du CNRS, Antoine Petit.

Un responsable du cabinet de Macron a déclaré que la conférence de lundi s'est tenue « à un moment où les libertés académiques reculent et sont menacées dans un certain nombre de cas ».

Selon les experts, l'un des obstacles est le fait que, même si les pays de l'UE peuvent offrir une infrastructure de recherche compétitive et une qualité de vie élevée, le financement de la recherche et la rémunération des chercheurs sont loin derrière les niveaux américains.

Mais M. Petit, du CNRS, a déclaré la semaine dernière qu'il espérait que l'écart de rémunération semblerait moins important une fois pris en compte le coût plus bas de l'éducation et de la santé et des prestations sociales plus généreuses.

« Erreur de calcul », « erreur » : l’approche de Trump en matière de science n’est pas populaire en Europe

Le cabinet de Macron a déclaré que la France et l'Union européenne ciblaient les chercheurs dans un certain nombre de secteurs spécifiques, notamment la santé, le climat, la biodiversité, l'intelligence artificielle et l'espace.

Macron a déclaré que son gouvernement consacrerait « 100 millions d'euros supplémentaires » pour aider à attirer les talents étrangers.

Le gouvernement français pourrait financer jusqu'à 50 pour cent des projets de recherche sélectionnés, a déclaré un responsable du cabinet présidentiel, tandis qu'une aide pourrait également être offerte sous forme d'incitations fiscales.

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