Des Palestiniens se rassemblent autour de corps devant l'hôpital indonésien dans le nord de Gaza

Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - Le Hamas a annoncé jeudi avoir tiré des roquettes sur la capitale israélienne Tel-Aviv, sa première réponse militaire au nombre croissant de victimes civiles suite à la reprise des opérations aériennes et terrestres israéliennes à Gaza.

Israël a déclaré avoir fermé la principale route nord-sud du territoire alors que les troupes étendaient les opérations terrestres qu'elles ont reprises mercredi.

La défense civile de Gaza a déclaré que 504 personnes avaient été tuées jusqu'à présent dans l'offensive israélienne, dont plus de 190 enfants. Le précédent bilan s'élevait à au moins 470 morts.

La branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, a déclaré avoir tiré des roquettes sur Tel-Aviv en réponse aux « massacres » de civils de Gaza par Israël.

L'armée israélienne a déclaré avoir intercepté un projectile tiré depuis Gaza et que deux autres ont frappé une zone inhabitée.

Après des semaines d'impasse, Israël a repris sa campagne aérienne tôt mardi avec une vague de frappes meurtrières qui ont suscité une condamnation générale.

L'offensive a brisé le calme relatif qui régnait dans le territoire palestinien ravagé par la guerre depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu le 19 janvier.

À l'hôpital indonésien du nord de Gaza, des familles en deuil se sont agenouillées près des corps de leurs proches enveloppés dans des linceuls blancs tachés de sang.

« Nous voulons un cessez-le-feu ! Nous voulons un cessez-le-feu ! » a déclaré l'un d'eux, Mohammed Hussein, à l'AFPTV, appelant la communauté internationale à mettre fin aux massacres.

« Nous sommes un peuple palestinien sans défense », a-t-il ajouté.

Des Palestiniens voyagent en véhicule avec leurs biens alors qu'ils fuient le nord de la bande de Gaza vers le sud.

Jeudi, l'armée israélienne a interdit la circulation sur la principale artère nord-sud du territoire.

Des Palestiniens ont été vus fuyant vers le sud le long de la route de Salaheddin, près du camp de réfugiés de Nusseirat, sur des charrettes tirées par des ânes et chargées de biens.

« Au cours des dernières 24 heures, les soldats de Tsahal ont lancé une opération terrestre ciblée dans le centre et le sud de la bande de Gaza afin d'étendre la zone de sécurité entre les parties nord et sud », a déclaré le porte-parole de l'armée, Avichay Adraee, sur X.

Les déplacements sur la route de Salaheddin entre le nord et le sud de la bande de Gaza sont interdits « pour votre sécurité », a-t-il déclaré.

« Au lieu de cela, les déplacements du nord de Gaza vers le sud sont possibles via la route côtière d'Al-Rashid », a ajouté Adraee, sans préciser si cela signifiait que les déplacements du sud vers le nord étaient interdits.

Sollicitée par l'AFP, l'armée n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

- « Des épreuves inhumaines » -

Un responsable du ministère de l'Intérieur de Gaza, dirigé par le Hamas, a déclaré que l'armée israélienne avait fermé mercredi soir ce qu'elle appelle le carrefour Netzarim, sur la route de Salaheddin, juste au sud de la ville de Gaza.

Une photo prise depuis la frontière sud d'Israël avec la bande de Gaza montre des bâtiments détruits dans le nord de Gaza

Le responsable a déclaré que des chars israéliens s'étaient déployés à la jonction, où l'artère routière croise la principale voie d'approvisionnement d'Israël, « suite au retrait des forces de sécurité spéciales américaines hier (mercredi) matin ».

Il faisait référence aux sociétés de sécurité privées américaines déployées en février après le retrait des forces israéliennes dans le cadre du cessez-le-feu de janvier.

La première phase du cessez-le-feu a expiré au début du mois, dans un contexte d’impasse sur les prochaines étapes.

Israël a rejeté les négociations pour une deuxième étape promise, appelant plutôt au retour de tous ses otages restants dans le cadre d'une première étape prolongée.

Cela aurait signifié retarder les négociations sur un cessez-le-feu durable, et a été rejeté par le Hamas comme une tentative de renégocier l’accord initial.

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a déploré jeudi "un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines" sur la population de Gaza depuis qu'Israël a repris son offensive militaire.

« Les bombardements aériens et maritimes des forces israéliennes se poursuivent pour le troisième jour », a écrit Philippe Lazzarini sur X. « Sous notre surveillance quotidienne, les habitants de Gaza vivent encore et encore leur pire cauchemar. »

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a qualifié les dernières frappes israéliennes sur Gaza de « crime catastrophique » et a déclaré que les États-Unis « partagent la responsabilité ».

La guerre a commencé avec l'attaque du Hamas contre Israël en 2023, qui a fait 1 218 morts, principalement des civils, selon les chiffres israéliens.

L'agence de défense civile de Gaza avait déclaré mercredi qu'au moins 470 personnes avaient été tuées dans le territoire depuis la reprise des frappes israéliennes.

Parmi eux se trouvait un employé du Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) qui, selon le ministère de la Santé de Gaza, a été tué dans une frappe israélienne contre le siège de l'agence à Deir el-Balah.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a appelé à une « enquête transparente » sur la frappe contre le complexe de l'ONU au cours de laquelle un citoyen britannique figurait parmi les cinq blessés.

Le bilan total des morts à Gaza depuis le début de la guerre s'élève à 49 617, selon le ministère de la Santé du territoire contrôlé par le Hamas.

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