Le Conseil de sécurité des Nations Unies tient une réunion sur l'Iran au siège de l'ONU le 19 septembre 2025.

Nations Unies (Etats-Unis) (AFP) - Les sanctions généralisées de l'ONU contre l'Iran sont revenues en vigueur samedi soir pour la première fois depuis dix ans, après l'échec des négociations de dernière minute avec les puissances occidentales sur le nucléaire.

Ces sanctions, prises trois mois après les bombardements israéliens et américains sur l'Iran, interdisent les transactions liées au programme nucléaire et de missiles balistiques de Téhéran et devraient également avoir des effets plus larges sur son économie en difficulté.

Les diplomates européens et américains ont souligné immédiatement après la reprise des sanctions que la diplomatie n’était pas terminée.

Le secrétaire d’État américain Marco Rubio a exhorté Téhéran à « accepter des pourparlers directs, menés de bonne foi ».

Il a également appelé les États membres de l’ONU à mettre en œuvre « immédiatement » des sanctions pour « faire pression sur les dirigeants iraniens afin qu’ils fassent ce qui est juste pour leur nation et ce qui est le mieux pour la sécurité du monde ».

Les ministres des Affaires étrangères britannique, français et allemand ont déclaré dans un communiqué conjoint qu’ils continueraient à rechercher « une nouvelle solution diplomatique pour garantir que l’Iran ne se dote jamais de l’arme nucléaire ».

Ils ont également appelé Téhéran à « s’abstenir de toute action d’escalade ».

L'Iran a autorisé les inspecteurs de l'ONU à revenir sur ses sites nucléaires, mais le président Masoud Pezeshkian a déclaré que les États-Unis n'avaient offert qu'un court répit en échange de la remise de l'intégralité de leur stock d'uranium enrichi, une proposition qu'il a qualifiée d'inacceptable.

Les efforts de dernière minute des alliés de l'Iran, la Russie et la Chine, pour reporter les sanctions jusqu'en avril n'ont pas réussi à obtenir suffisamment de voix au Conseil de sécurité vendredi, ce qui a conduit à l'entrée en vigueur des mesures à minuit GMT dimanche, ou à 20 heures samedi à New York.

L'Allemagne, qui a déclenché le retour des sanctions aux côtés de la Grande-Bretagne et de la France, n'avait « pas le choix » car l'Iran ne respectait pas ses obligations, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul.

« Pour nous, c’est impératif : l’Iran ne doit jamais acquérir l’arme nucléaire », a-t-il déclaré devant l’Assemblée générale de l’ONU.

Mais permettez-moi de souligner que nous restons ouverts à la négociation d'un nouvel accord. La diplomatie peut et doit se poursuivre.

La Russie a clairement indiqué qu’elle n’appliquerait pas les sanctions, les considérant comme invalides.

Les sanctions « ont finalement révélé la politique de l'Occident visant à saboter la recherche de solutions constructives au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, ainsi que son désir d'extraire des concessions unilatérales de Téhéran par le chantage et la pression », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

L’Iran affirme depuis longtemps qu’il ne cherche pas à se doter de l’arme nucléaire.

- Il n'y a plus que les sanctions américaines -

Bijouteries au Grand Bazar de Téhéran le 27 septembre 2025

Les sanctions constituent un « retour en arrière » des mesures gelées en 2015 lorsque l’Iran a accepté d’importantes restrictions sur son programme nucléaire dans le cadre d’un accord négocié par l’ancien président Barack Obama.

Les États-Unis ont déjà imposé des sanctions massives, notamment en essayant de forcer tous les pays à renoncer au pétrole iranien, lorsque le président Donald Trump s’est retiré de l’accord au cours de son premier mandat.

L'Iran et les États-Unis avaient tenu plusieurs séries de négociations sous l'égide d'Oman au début de l'année avant qu'elles n'échouent en juin lorsque Israël, puis les États-Unis, ont attaqué les installations nucléaires iraniennes.

L'Iran a rappelé samedi ses envoyés de Grande-Bretagne, de France et d'Allemagne pour des consultations, a rapporté la télévision d'Etat.

« La situation (économique) actuelle était déjà très difficile, mais elle va empirer », a déclaré un ingénieur iranien qui a demandé à être identifié uniquement par son prénom, Dariush.

« L'impact des sanctions renouvelées est déjà évident : le taux de change augmente, ce qui entraîne une hausse des prix », a déclaré à l'AFP le quinquagénaire, déplorant un niveau de vie « bien plus bas » qu'il y a « deux ou trois ans ».

Le dollar s'échangeait à environ 1,12 million de rials sur le marché noir samedi, un record selon plusieurs sites de suivi des devises.

Un journaliste de l'AFP au Grand Bazar de Téhéran a constaté une activité florissante dans les bijouteries, les gens se précipitant pour acheter de l'or.

- « Malaise » économique -

Les États-Unis appliquent déjà des sanctions unilatérales contre l’Iran et exercent une pression énorme sur les pays tiers pour qu’ils cessent d’acheter du pétrole iranien, même si la Chine les a défiés.

Le groupe de réflexion International Crisis Group, basé à Bruxelles, a déclaré que l'Iran semblait dédaigneux des nouvelles sanctions de l'ONU, car il avait déjà trouvé comment faire face à celles des États-Unis.

Mais il a noté que ce retour en arrière n’était pas facile à inverser car il nécessiterait un consensus au Conseil de sécurité.

« Cela risque également d’aggraver le malaise d’une économie déjà aux prises avec une forte inflation, des problèmes de change et des problèmes d’infrastructures de plus en plus graves », a-t-il ajouté.

Dans un discours prononcé vendredi devant l'Assemblée générale des Nations Unies, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé à un rétablissement immédiat des sanctions.

Il a également laissé entendre qu'Israël était prêt à entreprendre de nouvelles actions militaires après les 12 jours de bombardements qui, selon les autorités iraniennes, ont tué plus de 1 000 personnes en juin.