Le texte devra être approuvé définitivement par tous les membres de l'Organisation mondiale de la santé lors de l'Assemblée mondiale de la santé à Genève fin mai.

Genève (AFP) - Les membres de l'OMS sont parvenus samedi à un accord sur la manière de lutter contre les futures pandémies après trois ans de discussions, a déclaré à l'AFP le coprésident de l'organe de négociation.

"Nous avons un accord de principe" et la version finale devra être validée par les différents Etats membres, a déclaré Anne-Claire Amprou, également ambassadrice de France pour la Santé mondiale.

Amprou a déclaré que les délégués se réuniraient mardi à Genève pour mettre la touche finale à un texte historique sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies et lui donner leur sceau d'accord définitif.

Le texte devra ensuite obtenir l'approbation finale de tous les membres de l'Organisation mondiale de la santé lors de l'Assemblée mondiale de la santé à Genève, fin mai.

L'approbation est intervenue après une séance de discussion marathon qui a duré près de 24 heures, après laquelle les délégués ont éclaté en applaudissements enthousiastes pendant plusieurs minutes.

Le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a salué l'accord

« C'est un signal très positif. Vous participez à une histoire incroyable en cours de construction », a déclaré le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« C’est un beau cadeau pour nos enfants et nos petits-enfants », a déclaré Tedros, qui est resté confortablement installé avec les délégués toute la nuit pendant qu’ils parvenaient à un accord.

Plusieurs sources ont indiqué à l'AFP que l'un des principaux points d'achoppement alors que les délégués s'acheminaient vers un accord était le paragraphe 11 d'un texte d'une trentaine de pages définissant le transfert de technologie pour la production de produits de santé liés aux pandémies, notamment au profit des pays en développement.

Les pays d’Amérique latine font également pression pour faciliter le transfert.

Cette question a été une pomme de discorde dans les pays les plus pauvres pendant la pandémie de Covid-19, car les pays riches ont accumulé des doses de vaccins et d’autres tests.

Plusieurs pays où l’industrie pharmaceutique est un acteur économique majeur s’opposent à l’idée de transferts obligatoires et insistent pour qu’ils soient volontaires.

- « Très constructif et positif » -

Selon un délégué, ce point a été résolu. Cependant, la dernière version du texte n'était pas disponible samedi matin.

Pour Amprou, « nous avons dû négocier cette semaine avec tous les États membres de manière très constructive et positive. Il existe une réelle volonté de parvenir à un accord qui fasse réellement la différence et contribue à prévenir, préparer et répondre aux pandémies. »

Seule l’expérience nous dira si le texte tel que proposé peut résister à l’épreuve décisive d’une autre pandémie dont Tedros s’est donné beaucoup de mal pour insister sur le fait qu’elle surviendra à un moment donné, nous ne savons pas quand.

Le texte s'inscrit dans l'approche multilatérale traditionnelle pour répondre aux crises mondiales après que le président américain Donald Trump a réduit le programme d'aide internationale de ce qui était de loin le plus grand pays donateur au monde.

Les États-Unis étaient absents des négociations, après que Trump a déclaré à son retour à la Maison Blanche que son pays quitterait l'OMS, une décision qui, selon les experts, augmentera les risques pour le système mondial de surveillance des risques sanitaires.

C'est en décembre 2021, deux ans après le début de la Covid, qui a tué des millions de personnes à travers le monde et mis l'économie mondiale à genoux, que les membres de l'OMS ont décidé qu'un texte était d'une importance primordiale.

- « Beaucoup d'avantages » -

Le texte de samedi manque toutefois d'éclat par rapport à l'ampleur des ambitions initiales des Etats membres de l'OMS, a déclaré à l'AFP James Packard Love, directeur exécutif de l'ONG internationale Knowledge Ecology, qui suit attentivement les discussions.

Pour l'amour, « les propositions initiales avancées par le Secrétaire étaient assez ambitieuses (mais) ce n'est plus le cas aujourd'hui.

À mesure que les négociations s'éternisaient, les représentants du commerce et de l'industrie se sont mobilisés. Certains me demandent si l'accord est si fragile qu'il ne vaut plus la peine d'être conclu. Cela changera-t-il réellement quoi que ce soit à l'avenir ?

« Et je dis aux gens que je pense qu’il y a beaucoup d’avantages à obtenir un accord. »

Michelle Childs, responsable du plaidoyer politique à l'ONG Drugs for Neglected Diseases Initiative (DNDi), a déclaré vendredi à l'AFP : « L'accord sur la pandémie ne sera pas parfait ; c'est le fruit d'un compromis, et toutes les ambitions ne seront pas satisfaites. »

« Mais cela créera une nouvelle base de référence cruciale sur laquelle s'appuyer pour sauver des vies lors de la prochaine urgence sanitaire mondiale. C'est un plancher, pas un plafond. »

Des signes avant-coureurs de risques sanitaires persistent, notamment la grippe aviaire H5N1, un virus qui continue d'infecter de nouvelles espèces, faisant craindre une éventuelle transmission entre humains.

Une autre crainte concerne les épidémies de rougeole dans 58 pays résultant de taux de vaccination insuffisants dus à la méfiance envers les vaccins causée par la désinformation, ainsi que le mpox qui fait des ravages en Afrique.